le centre d'aide à l'autonomie
anne pascal
Un espace de transition pour les jeunes sortantes de l’association.
Le Centre d’Aide à l’Autonomie est un projet dédié aux sortantes de l’association.
À leur majorité, les filles quittent les foyers et sont amenées à chercher un travail et un logement. Le C.A.A. est un espace de transition afin de faciliter l’entrée des jeunes filles dans la vie active.
anne pascal
Une personne courageuse, intelligente, qui a lutté toute sa vie pour l’émancipation des femmes.
En 2021 est victime d’un AVC qui provoque de graves déficiences à la fois physiques mais surtout mentales. Aujourd’hui Anne est toujours en vie, mais totalement incapable de gérer l’association dont elle était présidente.
Son mari Frédéric s’est trouvé dans l’obligation de liquider l’association. Il m’a contacté en me demandant de lui soumettre un projet qui pourrait justifier la donation d’une importante somme d’argent. C’est ainsi qu’a pu se concrétiser la réalisation d’une structure post AFFD pour aider les jeunes filles à s’insérer dans la vie professionnelle.
Qui est cette femme à qui nous devons le financement du CAA ?
Anne Pascal est une sociologue, cinéaste qui a longtemps collaboré avec Jean Rouch, lui-même ethnologue, cinéaste et grand spécialiste de l’Afrique Noire.
Dans les années 80, elle est témoin des violences de la guerre civile au San Salvador. Suite à l’assassinat de ses amies, elle décide de fonder l’association Les trois quarts du monde.
Anne écrit dans les statuts : « Entre croire que l’on ne peut rien faire ou croire que l’on peut tout faire par la révolution, il existe une marge d’action possible pour chacun de nous, là où il vit et là où il travaille ».
Elle va se donner comme objectif principal d’aider à sortir de l’extrême misère qui les guette les enfants de la rue, en priorité les filles en Amérique Centrale : San Salvador, Guatemala, Nicaragua. Les filles sont mises au boulot à partir de 5 ans dans leur propre foyer, elles ne vont pas à l’école alors que les garçons sont scolarisés ; elles, sont à la merci de viols, de grossesses précoces. Certaines sont envoyées en ville et tombent dans la prostitution.
Anne Pascal va activer tous ses réseaux, famille, amis, amis d’amis, responsables de grandes institutions comme la Caisse des Dépôts, Air France, etc... Elle viendra en aide dans un premier temps à diverses associations locales dans les trois pays d’Amérique Centrale. Pour être en mesure de mieux contrôler le bon usage des subventions, elle finit par se replier sur le Guatemala, seul pays en Amérique Latine à avoir une majorité de population Maya extrêmement discriminée. Elle financera un foyer d’hébergement de filles de la rue, dont la plupart se prostituaient. Anne fera des films pour montrer la réalité de cette misère et l’action positive de ces aides. Ce sera son principal atout pour accroitre les dons et émouvoir les différents ambassadeurs de France au Guatemala qui l’ont toujours protégée car elle prenait des risques certains en touchant les milieux de la prostitution.
Sa rencontre avec Pierre Boutaud, le fondateur de l'AFFD, et la visite qu’elle effectua dans les deux centres de notre association à Madagascar l'a beaucoup impressionnée. Elle connaissait beaucoup d’ONG qui œuvraient dans ce domaine en Inde, aux Philippines, etc. Pour elle, l’AFFD faisait exactement ce qu’elle avait toujours cherché à faire en Amérique Centrale : sortir les filles de la rue pour les instruire et leur apprendre un métier. Tout naturellement, au moment de la dissolution des Trois Quarts du Monde, elle demandera à ses compagnons de route d’accorder à l’AFFD, une partie des fonds propre de l’Association pour réaliser des projets d’avenir.
pourquoi un centre d'aide à l'autonomie ?
Pourquoi les jeunes filles ont-elles besoin d’aide ?
Car il sera trop difficile de passer de l’internat où vous êtes totalement prises en charge à la vie réelle où vous devez tout assumer.
Vos familles sont en trop en difficulté pour vous aider à franchir ce pas.
AUTONOMIE
Adulte responsable. Devenir autonome ça veut dire devenir adulte, c’est-à-dire responsable.
Responsable de ses actes, responsable de ses choix, responsable de ses paroles.
Quelqu’un d’irresponsable, c’est quelqu’un qui ne prend pas le temps de peser le pour et le contre, qui se précipite et qui finit par regretter. Nous connaissons des copines qui ont voulu quitter l’AFFD sur un coup de tête et qui l’ont regretté une semaine après. De même, lorsque vous serez au CAA, elles seront parfois tentées d’enfreindre le règlement intérieur, mais nous espérons que la menace d’exclusion les fera réfléchir et que finalement elles resteront dans le droit chemin.
Quelqu’un de responsable c’est quelqu’un qui réalise des compromis entre ses propres intérêts et ceux des autres. C’est quelqu’un qui a compris ce qu’il doit à son entourage social : à sa famille, à ses amis, à ses éducateurs, à ses traditions. C’est quelqu’un qui est capable de se mobiliser pour partager des moments avec eux ou les soutenir en cas de besoin.
LIBERTÉ
Avec l’autonomie vient également la liberté.
C’est peut-être ce qu’il y a de plus important pour un être humain : pouvoir jouir de sa liberté, ne pas être contraint, pouvoir aller où on veut, quand on veut, pouvoir s’exprimer et dire ce que l’on pense.
Les prisonniers ou les prisonnières qui en sont privés sont les plus malheureux. Mais là encore, il faut savoir ne pas abuser de sa liberté, car on peut rapidement empiéter sur celle des autres.
ÉMANCIPATION • INDÉPENDANCE
Devenir autonome c’est accéder à l’émancipation, à l’indépendance.
Indépendance financière : c’est-à-dire gagner sa vie dignement. Ne pas vivre au crochet de sa famille ou d’un ami. Cette indépendance financière est capitale pour jouir de sa liberté.
Emancipation morale : c’est-à-dire ne pas subir la tutelle de quelqu’un.
En tant que femmes, les jeunes filles de l’AFFD ne peuvent rester insensibles au combat de ces femmes qui ont lutté pour avoir les mêmes droits que les hommes. Nous n’attendons pas d’elles qu’elles soient des révolutionnaires, mais simplement des femmes qui aient assez de courage pour se faire respecter.
En se conduisant ainsi, ces jeunes femmes honoreront la mémoire d’ Anne Pascal, à qui elles doivent ce centre où elles vont séjourner.
la Naissance du projet
Préambule
L’association AFFD s’est donnée pour mission de venir en aide aux jeunes filles malgaches, contraintes de se prostituer pour survivre. Après enquête des services sociaux et consentement des parents, ces jeunes filles sont accueillies dès l’âge de 13 ans dans l’un des centres AFFD où elles sont prises en charge à temps complet. Nourries, logées, éduquées, elles reçoivent également une formation professionnelle qui se spécialise au cours du temps en fonction de leurs aptitudes et de leur motivation.
Durant leur adolescence, notre projet éducatif consiste à les aider à se reconstruire et à leur donner les clés, afin qu’une fois adulte, elles puissent être autonome sans avoir recours à la prostitution. Ainsi, lorsqu’elles atteignent l’âge de 18 ans, elles sont invitées à quitter le centre pour « voler de leurs propres ailes. »
Après leur départ, les responsables de centre ont pour mission d’assurer un suivi de ces jeunes filles, afin de savoir ce qu’elles deviennent. Il apparait que les trois premières années sont les plus difficiles. Nous observons trois orientations majeures :
1. Un retour dans la famille.
Dans bien des cas, nous sommes en droit de craindre un retour à la prostitution.
2. Une union avec un jeune homme.
Lorsque cette union fait suite à une période de fréquentation, suffisamment longue, cette seconde orientation constitue une issue heureuse pour la jeune fille. Malheureusement, dans bien des cas, une mauvaise maîtrise des moyens contraceptifs précipite la naissance d’un enfant et la jeune fille se trouve tout de suite très dépendante d’un mari qu’elle n’a pas pris le temps de bien connaitre.
3. L’exercice d’un métier.
En choisissant cette orientation, la jeune fille se donne plus de chance d’accéder à une véritable autonomie.
Or nous observons qu’à la sortie de l’internat, « la marche est un peu trop haute » pour ces jeunes filles de 18 ans. Ne pouvant compter sur leur milieu familial pour les aider, il est souvent trop difficile de gérer cette soudaine liberté.
Projet d'implantation d'un Centre d'Aide à l'Autonomie
C’est pourquoi dans la continuité des centres qui existent déjà et à proximité de ces derniers, nous proposons d’implanter un « centre d’aide à l’autonomie. »
Sous la responsabilité du directeur du centre AFFD, ce centre aura pour vocation d’aider les jeunes filles à débuter dans la vie active. Nous souhaitons que la gestion du centre se fasse de manière collégiale afin que les jeunes filles deviennent responsables et autonomes.
Pour y séjourner, il faudra respecter ces trois grands principes :
• Avoir un emploi, ou être dans une phase active de recherche afin d’être en mesure de payer son loyer.
• Avoir moins de 22 ans, être célibataire.
• Faire preuve de responsabilité et de citoyenneté en prenant part régulièrement aux réunions du conseil d’administration du centre. Toutes les décisions se prennent à la majorité des voix. Chacune des usagères du centre dispose d’une voix pour peser sur les décisions.
Architecture
1. Une partie hébergement à l’étage.
La partie hébergement sera constituée de deux unités séparées. Chaque unité comprend 3 chambres pouvant accueillir deux pensionnaires et des sanitaires.
2. Une partie professionnelle au RDC
Dans cette partie, les jeunes travailleuses trouveront le matériel nécessaire à leur insertion professionnelle : Ordinateur équipé d’internet, machine à coudre, fer à repasser, matériel agricole etc..
En contrepartie d’un loyer, qu’elles verseront tous les mois à l’association, les jeunes filles pourront profiter de cette structure durant les deux premières années qui suivent leur sortie du centre.
Fonctionnement
Cette structure sera gérée par un comité de pilotage qui comprend :
• Le gestionnaire du centre.
• Un des directeurs de centre AFFD
• Un membre du conseil d’administration de l’AFFD.
• Une représentante des résidentes.
Profil et rôle du gestionnaire du centre
Ce dernier a été recruté pour ses compétences en matière d’insertion professionnelle et pour sa connaissance du tissu économique local.
Sa charge de travail se répartit ainsi :
1. Il accompagne les jeunes filles du centre d’aide à l’autonomie dans leur insertion professionnelle et sociale.
2. Il supervise la gestion du centre Il contrôle l’activité du gardien. Il fait respecter le règlement intérieur du centre.
3. En collaboration avec le directeur du centre AFFD, le gestionnaire oriente et ajuste les dispositifs de formation au sein du centre AFFD afin de rester en phase avec la réalité du marché de l’emploi. Il suit l’évolution des jeunes pensionnaires dans les deux dernières années avant leur sortie afin de les conseiller dans le choix de leur orientation professionnelle et de leur recherche d’emploi.
Volumétrie
Le C.A.A. propose une volumétrie sur 2 niveaux :
– Une partie professionnelle au rez-de-chaussée.
– Une partie hébergement à l’étage.
Rez-de-chaussée
Un niveau dédié aux espaces de vies et aux activités professionnelles :
une salle de réception, d’un atelier et d’une salle informatique.
étage
Un niveau dédié à l’hébergement :
14 personnes peuvent séjournées dans des chambres partagées.